Partout dans le monde, des hommes et des femmes affrontent le monde protégés derrière un écran. Ils se défendent d'aggression imaginaires en se créant un masque qui ne leur correspond pas. Ces gens apprennent à vivre sans la souffrance occasionnelle que crée le contact vrai avec l'autre, avec celui qui est différent sans être repoussant. L'internaute ne rencontre que trois types de personnes dans ses pérégrinations en ligne.
Le premier type est l'Ami. L'Ami partage des goûts et des intérêts semblables à ceux de l'internaute. Il est poli, serviable et toujours disponible. On trouve dans cette catégorie le parent, l'ami d'enfance, les copains d'hier et d'aujourd'hui, les collègues, qu'ils soient sympathiques en vrai ou non.
Le second type est l'Ennemi. L'Ennemi est différent de l'internaute et n'a qu'une préoccupation: nuire. On trouve dans cette catégorie les hackers, les escrocs, les fachistes liberticides et les prédateurs sexuels.
Le dernier type, enfin, est le Néant. Le Néant n'a pas de forme, même s'il brille de mille couleurs. Il regroupe ceux dont les goûts et les motivations sont trop complexes à évaluer en quelques secondes. On y trouve, pour faire simple, tous ceux qui ne se retrouvent pas dans les deux catégories précédentes. Alors que l'Ennemi a une forme tangible dans l'esprit de l'internaute, qui partira parfois en croisade contre lui, le Néant n'existe presque pas à ses yeux. Il est relégué dans les brumes de sa pensée et ne diffère en rien de ses milliards de jumeaux insipides. L'internaute ignore le Néant dans les rares instances où le contact se révèlerait inévitable.
L'Ami qui refuse un énième service, ou celui qui se plaint de recevoir encore une vidéo de chatons de l'internaute court le risque de passer dans la catégorie des Néants. L'Ennemi qui ne fait plus parler de lui, de même, peut se racheter en se fondant dans cette masse anonyme.
L'internaute n'interagit plus qu'avec ses Amis et ses Ennemis, masque contemplant d'autres masques. Rendu dépendant d'Internet, où tout est si simple, au contraire du monde physique, il désapprend le monde réel. Habitué à ce monde virtuel où les choses sont soit noires soit blanches, l'internaute est ébloui quand il rencontre notre monde de nuances colorées. Il se fige, alors, paralysé par l'incompréhension et la peur. Ces sentiments désagréables renforcent son cloitrement, et un cercle autant vicieux qu'inévitable s'installe.
Si le refuge dans la timidité est une fatalité pour celui qui s'accroche à son réseau des réseaux, il n'est pas sa destinée éternelle. Les méthodes pour vaincre la timidité surgissent de toutes parts, et l'handicapé social retrouvera ses facultés après un bref traitement.
Il y a bien entendu une part importante de timides de naissance, ou qui le sont devenus suite à un traumatisme, mais l'explosion de timidité de ces vingt dernières années est due sans nul doute possible à l'accroissement de l'importance d'Internet.
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Daniel Plumot écrit pour le web, notamment pour http://vaincre-sa-timidite.info